Comme souvent avant d'aller me coucher, je regarde les actualités pour voir si le monde va mieux... d'autres font ça le matin, moi je suis plutôt du soir. Quand la maisonnée dort ou presque et que mon emploi du temps de mère de famille débordée me laisse quelques minutes pour lire.
Je suis en vacances à cette heure-ci, je gagne le même salaire que mes collègues masculins et je fais partie en haut lieu de Conseils d'Administration qui me tiennent à coeur, dont celui du SNT. Rien à redire. Pas besoin de me plaindre. Et pourtant, l'inégalité entre les femmes et les hommes reste une réalité : pas au SNT. Mais où, alors ? Partout ! dans notre société occidentale, celle qui promeut le travail comme une valeur forte et l'égalité comme un Graal.
Alors on ne va pas faire le compte des heures de ménage ni de la charge mentale mais comme les chiffres ne mentent pas (ou presque), on va juste parler de la différence de rémunération.
Et on va faire confiance au rapport du Forum Economique Mondial de Juin 2023 qui place l'Islande en tête des meilleurs élèves. La France dégringole cette année de 23ème à 40ème (pour l'égalité des sexes) et se trouve à la 82ème place pour l'écart de revenus entre les sexes... une honte.
Dans ces pays "du Nord" (pour une Toulousaine, Rodez, c'est déjà "le Nord" alors imaginez l'Islande)... on trouve l'écart, pourtant bien inférieur au nôtre, parfaitement indigne. Et ils-elles manifestent tous et toutes. Et elles font grève, toutes. Jusqu'à la Première Ministre. Et là, j'ai juste vraiment envie de pleurer. Tout en me disant que cette élue là, elle a tout compris. Qu'il faut l'imiter. Parce que je me dis qu'on (moi, nous), Français.es, on ne fait rien de valable pour que nos enfants n'aient pas honte de notre inertie, la mienne aussi. Et en même temps, je me dis que si tout le monde était activiste au moins comme moi, ça irait mieux. Mais ce n'est pas assez.
En islandais, "honte" se dit "hneisa". J'ai donc "hneisa" ce soir.
Je lis ce soir (sur le site de FranceInfo) :
"Des milliers de femmes, dont la Première ministre Katrin Jakobsdottir, ont cessé le travail en Islande, mardi 24 octobre. Selon les organisatrices du mouvement, ce mouvement vise à obtenir l'égalité salariale et à dénoncer les violences faites aux femmes.
Un grand rassemblement a débuté à 14 heures à Reykjavik, la capitale. "Pendant toute la journée, les femmes font grève pour démontrer l'importance de leur contribution à la société", ajoutent les organisatrices, précisant que les personnes non binaires étaient aussi appelées à participer au mouvement. Les grévistes s'attendent à ce que les hommes prennent en charge le travail de cette journée non rémunérée qui incombe souvent aux femmes."
Mince alors, j'avais loupé ça... c'était trop beau, il fallait que je le partage, comme un air frais dans une ambiance polluée. Et notre cheffe du Gouvernement à nous, fera-t-elle un jour grève pour les femmes ? allez... oui, on veut l'imaginer.
Je vous laisse, en rêvant d'une grève des femmes ET des hommes ET des personnes non binaires, jusqu'en haut de l'Etat, de tous les Etats... pour l'égalité salariale. J'ai "von" aussi... oui ça veut dire "espoir"en islandais. Merci à l'Islande et à sa Première Ministre pour cette belle leçon.
Et sinon ? ah, tu croyais que j'allais baisser les bras en attendant la prochaine manif ? tu rêves... je vais vous donner des devoirs (ça doit être un côté Prof refoulé)... et voici votre cahier de vacances : le MOOC (formation en ligne) de la CFE-CGC sur l'égalité professionnelle --> https://mooc-egalitepro.cfecgc.org/
C'est gratuit et ça peut, si tout le monde s'y met, rapporter gros à la société toute entière.
Béatrice,
Vice-Présidente du SNT
